On me demande souvent pourquoi je pars à l'autre bout du monde alors qu'en France j'ai une famille, une maison et un boulot. Plutôt que de longues explications, je préfère vous laisser lire la lettre que m'a envoyée un collègue prof, avec son autorisation, pour me parler de son quotidien qui fut aussi le mien il y a peu. Le lecteur ne prendra pas tout au 1er degré; la lettre en question, émanant d'un collègue doté d'un fort sens de l'humour, n'ayant pas eu vocation à être publiée, il faut plutôt la prendre comme un "debriefing" après les journées, souvent épuisantes nerveusement que l'on vit dans les collèges de Zep.
"Ben alors, tu vas pas me dire que tu bosses, on sait c'que c'est l'boulot comme toi, c'est p'tits fours et gros coktails, ouaip.
Moi je me désagrège,... Les 3° sont pas humains.. Si j'avais pas alzheimer, j'aurais plein d'anecdotes à raconter... Mais comme m'a dit L***, 3°*, pas plus tard que que cet aprés-midi: "Ça va, avec vos commentaires"; bon, je lui avais juste demandé de se taire, pour la énième fois et, pour détendre l'atmosphère, je lui faisais remarquer que son incapacité à le faire était peut être due à la terrible maladie de la "commentarite". Il a trouvé ça désagréable alors que c'était dit avec le sourire, et qu'il méritait plutôt des claques qu'une plaisanterie; mais quand on est viril et fier comme il faut l'être quand on est pas un bouffon, on rigole pas... Du coup, regard qui tue - ça, j'adore, j'aime leur faire remarquer que je suis trés impressionné, ouh la la regarde je vais pleurer...- et corps tendu sous le survêtement grotesque...Mais je suis moins joueur qu'avant, et je ne lui ai donc pas dit que je ne pouvais pas m'arrêter de commenter, parce qu'il m'avait contaminé... Ça a fini avec une explication de gravure amusante, pour moi...
Bon, j'ai aussi Z*** (...), celui-ci, il m'a fait dire que j'allais "le regretter" -" le" se rapportant à l'heure de retenue que j'ai eu l'impudence de lui donner (je devrais peut-être les vendre, d'ailleurs, au moins ça me rapporterait qqch...); inutile de te dire que je tremble, d'ailleurs je ne sors plus, la preuve c'est que là, et ben je suis chez moi!..
N'oublions pas J***: lui est spécialisé en écho, avec variantes: il peut répéter ton dernier mot, le répéter en le déformant, ou opérer une transformation surréelle: ainsi, il est possible d'entendre un "poitrine de boeuf", fort clairement énoncé, ce qui serait une qualité si le moindre rapport à la réalité pouvait être décelé. Mais non, c'est juste une pensée (??) qui sort, comme çà, un peu comme si les sphincters cérébraux se relachaient. D'ailleurs, il va en classe relais avec un suivi psychologique individuel. J'espère qu'ils ont prévu un anti diarrhéique du cerveau...
Bon, c'est vrai, je ne suis pas charitable: on pourrait croire que c'est une forme d'humour décalée de la part d'élèves supèrieurement dialecticiens, mais non, c'est juste de la connerie...j'aurais pu en citer pleins d'autres, avec les noms... Mais entre ceux qui se vautrent sur la table - sans doute entrainés par le poids du cerveau...c'est facile, je sais, mais je fatigue...-; ceux qui comprennent la consigne à la 8ème fois, ceux qui oublient leurs affaires ah ben y avait des devoirs ah ben faut copier ah ben avec un stylo ah c'est dans ce sens ah ben si j'aurais su j'serais moins con, ceux qui passent leur temps à bavasser mais non j'ai rien fait, qu'est-ce que j'ai fait/ dit/ pensé, ben rien justement c'est le problème, ceux/celles qui font leur "courrier" - des guillemets, parce que la forme y touche le fond de telle sorte que le langage infra humain utilisé, une sorte de dialecte paleo/graphique ne peut pas vraiment être rangé dans la catégorie qui abrite aussi, par exemple, Madame de Sévigné ou Mon Moulin, oui, le fameux auteur popularisé par Alphonse Daudet, le fameux auteur caprinophile -- , ceux qui mettent deux plombes à fermer le cahier ouvrir le cahier sortir les affaires rentrer les affaires, fermer leurs grandes...bouches et donner le Carnet de Liaison, et , comme disent les ibères non lusophones: "un largo etcetera" de branleurs, pénibles, mal élevés et autres lourdingues qui me font me demander chaque jour un peu plus si, plutôt que l'agrèg, j'aurais pas dû faire une reconversion quelconque...
Ouh là, mais qu'il est négatif!! Et encore, je me retiens.Et puis la journée a été dure et il se fait tard, ma bonne dame...
Au départ, c'était pour te demander de tes nouvelles, mais tu vois comme je suis égocentrique...
Bien, sur ce, si tu trouves le temps, n'hésite pas à répondre!!
A plus pour de nouvelles aventures intitulées "Le niveau monte, mais où sont les bouteilles?"
Signé : P***
A suivre...