L'avantage de vivre en Colombie, c'est qu'il se passe toujours quelque chose d'inattendu. Ainsi, ce dimanche 22 mars, avions-nous projeté de célébrer tranquillement en famille les 5 ans de Lila autour d'un petit gâteau orné de 5 bougies. Célébration que nous souhaitions courte car, nous avions prévu ensuite de passer prendre à 14 heures à son hôtel, Llucia Molinos , formatrice pédagogique barcelonnaise, de passage à Pereira, pour lui faire visiter le musée de l'or d'Armenia.
Or, dans la matinée, alors que j'étais au téléphone avec Valérie ou Annette, et Géraldine en train de préparer le repas, nous avons entendu un gros "boum, badaboum" sur le toit de notre maison. Hurlement de Géraldine pensant qu'il s'agissait des enfants tombés de la table ; "coup de speed" de ma part en entendant le cris de Géraldine, puis soulagement en se rendant compte que les enfants n'étaient pas en cause. Puis, plus rien. Je poursuis donc ma conversation téléphoniques, Géraldine se remet à la tâche. Après tout, les bruits sur les toits, les travaux bruyants, les déflagrations diverses sont monnaie courante en Colombie. Pas de quoi fouetter un chat. Mais, pourtant, au bout de moment, les bruits de tôle, de froissement de feuilles de métal, les coups répétés sur le toit qui se répètent commencent à m'intriguer. Je finis par sortir pour voir ce qui se passe. Je vois alors sur le mur de notre garage une échelle qui mène à notre toit. Je monte. Et là, stupeur ! Outre le bivouac installé sur notre toit composé d'un échauffaudage de fortune et d'une multitude d'outils et de pots de peinture destinés à la réfection du pignon de notre voisin, je vois un type assis, penaud quand il voit ma tête apparaitre sur le toit, en train de dissimuler tant bien que mal ce qui ressemble ... à un trou ! Je rassemble alors en un instant, tous les éléments du puzzle. Le bivouac, le bruit d'effondrement, le trou. Voyant la tête du type assis, qui à ce moment-là à l'air franc comme un âne qui recule, je lui demande, un peu altéré et contenant ma colère, de pousser la plaque de métal qu'il tient pour constater l'ampleur des dégâts. Il s'exécute et je découvre alors deux énormes trous dans le toit, suffisants en tout cas pour laisser passer un homme ! C'est d'ailleurs apparemment ce qui s'est produit. Les "ouvriers" en question sont montés sur notre toit dont les "tuiles" (c'est comme cela que l'on appelle en Colombie les plaques en tôles ondulées certainement bourrées d'amiante qui, assemblées entre elles, servent de toit) à moitié pourries (faut pas exagérer non plus, les riches propriétaires qui louent ne vont pas en plus entretenir avec l'argent du loyer qu'ils recoivent tous les mois ponctuellement leur maison) ont cédé sous le poids du type chargé de lourds pots de peinture ; lequel est passé à travers ce même toit. Mon sang ne fait qu'un tour et, bien entendu, le propriétaire, qui ne s'est pas fendu d'une visite pour nous dire qu'il allait utiliser notre toit pour faire ses travaux, n'est pas là. Je cours donc chercher mon appareil photo et regrimpe sur le toit pour photographier les dégâts. Car, en Colombie, si vous ne faites pas cela, il est fort problable que l'on vous dise ensuite que le trou était déjà là. Je passe aussi un coup de fil au propriétaire avec le téléphone que m'a passé sa "bonne" (qui se charge des 8 chiens qu'il héberge chez lui), pour lui dire ce qui s'est passé et lui fait comprendre qu'il intérêt à réparer les dommages le plus vite possible. La discussion est brève et le ton un peu sec. Je suis en général pourtant patient mais là, j'en ai marre. Mon sang s'échauffe encore plus quand le second ouvrier (celui qui est passé à travers le toit), avec sa sale tête de tueur à gage, entre dans la conversation et, au lieu de s'excuser (on ne verra jamais un colombien s'excuser), me demande comme si de rien n'était, "quel est le problème" ?!!. Puis insiste en me disant qu'il n'y a aucun problème et que demain "si Dios quiere" (si Dieu le veut, c'est-à-dire si Dieu va acheter la tôle et la pose lui-même) tout sera arrangé et que je ferai mieux de m'inquiéter pour lui qui a mal aux côtes que de mon toit !! Bref, attitude classique en Colombie qui consiste à renverser les rôles et où le coupable devient en général la victime. Pour éviter d'envenimer les choses et devant l'insistance de Géraldine, je redescends du toit et rentre à la maison pour fêter l'anniversaire de Lila. Pas tranquille du tout en pensant qu'avec un trou comme ça on n'est pas à l'abri de mauvaises surprises : un, à cause des "aguaceros", ces pluies torrentielles qui s'abattent en cette saison sur la ville et qui peuvent provoquer des inondations et deux, à causes des voleurs qui en général, s'introduisent dans les maisons par les toits sous ses lattitudes (c'est pour cela qu'en général les chiens se trouvent sur les toits et non dans les jardins, dans ces pays).
Bref, passé cet épisode fâcheux mais hélas classique nous avons pu célébrer à la hâte l'anniversaire de Lila et aller chercher Llucia à son hôtel à 14 heures précises pour l'emmener visiter le Musée de l'Or à Armenia.
Hier soir le propriétaire de la maison voisine qui avait envoyé ses ouvriers est venu à la maison pour me promettre qu'aujourd'hui les réparations seraient faites (mais il ne s'est pas excusé pour autant). Et au moment où j'écris ses lignes, je peux entrendre les ouvriers sur le toit en train d'essayer de réparer les dégâts. Alleluyiah !
Après l'effort, le réconfort
Une Lila désormais habituée à la séance de "soufflage" de bougies
La découverte des cadeaux: des vêtements, "Le Livre de la Jungle" en dvd et les incontournables... "Franklin"
Le patio du Musée de l'Or d'Armenia conçu par Salmona, le plus célèbre architecte de Colombie. Une impression de paix s'en dégage. Le système d'irrigation central rappel celui des Incas ou des demeures andalouses et arabes. Remarquons aussi l'utilisation de briques rouges si caractéristiques du style "Salmona".
L'intérieur du Musée où les pièces exposées sont bien mises en valeur.
La sensation de serénité est renforcée par l'agréable jardin qui entoure le musée.
Le petit étang sous la pluie qui commence à rider sa surface.