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Chroniques colombiennes
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Chroniques colombiennes
6 janvier 2008

Mes lectures de ces quelques mois en Colombie

   Bon allez, vous n'en avez peut-être rien à faire mais Je vous fais ici un récapitulatif en images des quelques lectures que j'ai faites depuis notre arrivée en Colombie, c'est-à-dire depuis ces 15 derniers mois.

  Comme je n'ai pas vraiment l'occasion d'aller dans une librairie digne de ce nom à Pereira (les librairies ici ne vendent en général que des best-sellers américains, anglais, espagnols ou colombiens, des livres de psychologie pour apprendre à gagner plus d'argent, être plus rentable, plus heureux, moins stressé, pour séduire davantage etc... ) ma seule source est la bibliothèque de l'Alliance Française,  les quelques bouquins que je rapporte de France lors de nos vacances d'été ou ceux que j'avais emportés avant notre départ.  Ceci explique un peu la liste qui suit.

   Au total, ce sont 24 livres lus en 15 mois; ce qui n'est pas mal, vu le peu de temps dont je dispose. Mais c'est, évidemment très inférieur à ce que j'aimerais pouvoir lire.

   Bien entendu, je nourris l'espoir les quelques lecteurs de ce blog qui ont le goût de la lecture me conseillent quelques titres récents que je m'empresserai d'acheter en juillet, lors de notre retour pour les vacances, en France.

   Pour l'heure le classement par catégorie ou genre laisse apparaître le résultat suivant :

  • Classiques :

-  3 romans français

-  2 romans étrangers (russe, irlandais)

  • Contemporains :

- 3 romans français

- 2 romans étrangers (anglais, italien)

  • Essais :

-  1 français

  • Autobiographies :

- 2 françaises

- 2 étrangères (cubaine, américaine*)

* Je me suis trompé en faisant mon nontage : Ma part d'ombre de James Ellroy est en effet une autobiographie, mais présentée de telle manière qu'elle pourrait presque être un roman à la 1ere personne. Ce qui explique peut-ètre que je l'aie classée machinalement dans la rubrique "Polars" comme si c'était un roman...

  • Témoignages / reportages :

- 1 (américain)

  • Polars :

- 8 étrangers (américains)

- 1 français

Classiques_fran_ais

  Jules Verne parce  que c'est rassurant quand on est à l'étranger : parce que le monde vernien est imparfait mais appréhendé par des personnages parfaits qui combinent toutes les qualités morales. Le côté énumératif et encyclopédique, parfois très ennuyeux, participe du côté rassurant de cette littérature. Cela est particulièrement vrai pour 20 000 lieues sous les mers avec son Nautilus, sorte de ventre maternel, dont on se souvient que Barthes, l'opposait au Bateau Ivre de Rimbaud. 

    Balzac, parce que c'est l'un de plus grands. Le Lys dans la vallée, parce qu'il est comme une parenthèse parmi les grands romans balzacien. Pénétré de romantisme, on goûte à chaque ligne la langue et la perfection morale des héros. Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes. 

Sans_titre4

      Dostoïevski,  dans Crime et Châtiment, présente  un héros faible qui se rêve fort. Un héros dont l'intelligence n'est pas relayée par la force de caractère et qui donc court à sa perte et tend à l'autodestruction. Très fort... et très noir (du Zola en plus dur, c'est dire !).

      Dracula, un grand classique du fantastique dont l'auteur porte un nom (Bram Stocker) qui m'a toujours paru plein de force et d'étrangeté. Il y a longtemps que j'avais envie de le lire. J'avais toujours repoussé. Pourtant le mythe du vampire, comme tous les personnages malfaisants, m'inspire souvent beaucoup de fascination. Prenant et juteux. Très pudique aussi.

contemporains_fran_ais

        Houellebecq, que je lis toujours avec délices. Lucidité, cynisme, désespoir. Beaucoup d'humour aussi. On rit en permanence même si c'est jaune. La Tentation d'une île pousse à son terme les rêves (sans issue) d'immortalité et de clônage humain déjà esquissés dans les précédents opus : Les Particules élémentaires notamment et Lanzarote,  un  récit fictif  dont le héros n'est autre que Claude Vorilhon, le chef spirituel... et fondateur du mouvement raélien qui s'est distingué récemment pour avoir fait croire à la naissance du 1er bébé clôné. On reste dans le même registre que La Tentation d'une île. Des passages hilarants.

     Florian Zeller. Un auteur trop jeune,trop beau, trop médiatisé pour être honnête. C'est tout cela qui m'avait fait éviter de le lire jusqu'alors. C'est aussi pour cette raison que j'évite en général de lire (à de rares exceptions, comme Houellebecq) les auteurs contemporains. Pourtant j'ai bien aimé la légereté du style de La Fascination du Pire. Ce côté flingueur sans avoir l'air d'y toucher. Un peu l'antithèse, dans le style, de Houellebecq, qui lui en général sort l'artillerie lourde pour démonter les enthousiasmes collectifs. En même temps, les méthodes d'analyse sociologique mises en oeuvre pour observer la société contemporaine semblent assez proches. C'est assez troublant.

   Est-ce un hasard ? mais le héros du roman ressemble étrangement à Houellebecq... Et le narrateur qui dit "je" (Zeller lui-même ?), semble prendre un malin plaisir à démystifier ce dernier  en jouant sur la frontière (volontairement) floue dans son roman entre l'autobiographie (le roman pourrait très bien apparaître comme un récit réel de voyage commun aux deux auteurs) et fiction. Aurait-on affaire à un roman à clés,  Monsieur Zeller ? 

contemporains__trangers

      Deux romans contemporains plus très récents et dans deux veines totalement différentes. Chez Tom Sharpe et son roman Wilt 1, on se trouve dans une histoire complètement délirante où la mécanique narrative répond à une logique interne qui entraîne les personnages dans des situations qu'ils n'ont pas cherchées et crée l'humour. C'est vraiment la narration qui est au coeur du roman et non la psychologie ou les personnages eux-mêmes. Une veine dans la tradition des romanciers britanniques, très éloignée donc du roman français, avec cet humour à la David Lodge assez jubilatoire.  Un peu marqué par l'époque - la fin des années 70 - et le mouvement féministe dont on sent que notre ami Sharpe le considère avec un certain recul. Ajoutons que ce roman, et le personnage de Wilt, donnera 3 suites, dont la dernière fut écrite en 2004.

   Nocturne indien de Tabucchi est un roman que j'avais essayé de lire il y a de cela plus d'une quinzaine d'années, lorsqu'il avait été popularisé par le fim de Corneau avec Jean-Hugues Anglade dans le rôle principal. Mais, le film m'avait paru d'un si profond ennui que cela avait dû rejaillir sur le livre, offert pourtant par un ami de l'époque, que je n'avais jamais eu finalement le courage d'ouvrir. Plus de 15 ans plus tard je le reprends et là, est-ce dû à ma situation  d'expatrié (d'exilé) ? je tombe sur un bouquin passionnant, très court, que je dévore, que je lis par bribes, à rebours; en commençant par la fin et en remontant peu à peu vers le début. Etonnant. On ne perd rien de l'intrigue puisque celle-ci est d'une extrême simplicité. Tout comme l'ecriture. Tout comme la psychologie des personnages ou plutôt du personnage principal qui est un homme à la dérive, à la recherche de soi et de son identité. Mais l'auteur n'approfondit pas : il lui fait juste rencontrer des personnages insolites, appartenant à cette Inde millénaire si fascinante pour l'occidental à la recherche de valeurs. Roman initiatique donc, mystérieux et envoûtant comme on le dit de certains parfums.

ESSAIS

     Essai philosophique, art poétique, exégèse de ses propres oeuvres, éclaircissement autobiographique : Le Vent Paraclet est tout cela à la fois. Une oeuvre composée de différents chapitres où Tournier revient sur le substrat mythologique ou mythique qui irrigue chacune de ses oeuvres, la relation à l'enfance (la sienne), à l'enfant, à l'Allemagne, sur la transmissions du savoir, sur un ton subtilement polémique. Oui, Tournier,  avec son style poli et policé n'est pas politiquement correct. C'est pour cela que j'ai aimé cet ouvrage qu'il faut, selon la formule consacrée, lire.  Livre qui m'avait été conseillé par Christophe Lamoure, naguère compagnon d'études, puis de voyage, qui depuis à fait son chemin, et que je salue au passage.

      

Classiques_

    Le genre autobiographique est un genre qui me`plaît.

    Pour les 3 auteurs ci-dessus, il s'agit en fait de régler des comptes : avec soi-même dans les 1er cas (Mitterrand), avec son passé dans le 2ème (Pingeot), avec un système politique et social dans le 3ème (Arenas). 

   La biographie de Frédéric Mitterrand, La Mauvaise vie m'a plu en ce qu'un personnage public avec une image policée, vieille France, un élitiste, intello, bourge, révèle sa part d'ombre ; mais aussi la part de lumière d'où naît cette ombre. Certes,  cette autobiographie évoque  des comportements que notre époque réprouverait au nom d'une certaine morale; on ne peut pourtant pas condamner en bloc l'auteur. Les choses sont souvent plus complexes qu'il n'y paraît, et l'écriture très classique de l'auteur rend compte de cette complexité.

   Bouche Cousue de Mazarine Pingeot Même si certains se demanderont si elle vaut vraiment le détour, cette "autobio" semble légitime. Après tout, mettez-vous un instant dans la peau de la fille cachée et illégitime de l'homme politique le plus éminent et exposé de France.  Vu comme cela, vous changerez peut-être un peu d'avis et ne penserez plus tout à fait comme moi avant de la lire, "à quoi bon faire gagner de l'argent à une fille qui doit son statut d'écrivain à son glorieux géniteur et dont les bouquins n'ont pas plus de valeur que ceux d'autres qui n'ont pas les mêmes appuis ?" Eh bien figurez-vous que sans être  béat d'admiration devant cet ouvrage, j'ai été sensible à la souffrance de cette petite puis jeune fille qui a dû vivre dans la dissimulation et le mensonge toute sa prime jeunesse. De plus, l'écriture est assez intéressante et les ruptures de syle, de continuité, ne sont pas gratuites et collent assez bien au propos.

   Même s'il paraît étonnant d'écrire une autobiographie à 30 ans, privilège que s'accordent en général, des vieiilards ayant accompli une oeuvre majeure que l'on peut juger comme achevée et définitive, Mazarine, après la mort de son père a dû considérer, avec quelque raison, qu'il était temps de solder les comptes avec son ancienne vie.

     La dernière autobiographie, Avant la nuit,  de l'auteur cubain Reynaldo Arenas, qui m'est tombée dans les mains, par hasard, via Géraldine qui l'avait exhumée des rayonnages de la bibliothèque de l'AF en en faisant l'inventaire, est tout à fait extraordinaire. Là on ne joue plus dans la même catégorie que les 2 premières et elle vient relativiser peut-être tout le bien que je viens de dire de celles de Mlle Pingeot et de M. Mitterrand. Avec Reynaldo Arenas, écrivain cubain dissident décédé du Sida en 1992, on n'est plus dans le mal être existentiel dû au poids de la culture bourgeoise judéo chrétienne ou à celui d'une paternité gênante (bien que favorisante sous d'autres aspects, reconnaissons-le). On pourrait cependant dire que le point commun aux trois auteurs fut la nécessité de se cacher ou de cacher leur identité  et que le point commun à Mitterrand et Arenas est l'homosexualité. La différence est que les deux premiers sont nés dans un pays démocratique et un Etat de droit et le second dans un pays totalitaire livré à l'arbitraire du chef, nommé en l'espèce Fidel Castro;  "le bien nommé" pourrait-on dire puisqu'il n'est question que de claustration (impossibilité de sortir de l'île) et de castration (impossibilité de vivre sa sexualité). A la lecture de cette autobiographie aussi édifiante que passionnante, on se dit que Cuba sous Castro doit être vivable à condition d'être sourd, muet et malentendant ou héraut du pouvoir, chanteur ou danseur de Salsa ou "béni-oui-oui" et ... bien entendu hétérosexuel. Dans le cas contraire, si on l'ouvre et qu'on est homo, c'est l'enfer qui commence avec les passages à tabac, les geôles, les cachots, les menaces permanentes et les obligations de délation, les renoncements à ses idées, bref, la négation de soi.  Une réalité qui fut ou qui est encore celle de bon nombres de pays et dont, vu de nos pays "développés", on n'a pas vraiment idée; à moins d'être membre d'une association pour les droits de l'homme ou adhérent à Amnesty International. à la Croix-Rouge Internationale, à Journalistes ou avocats sans frontière etc... ou de lire Reynaldo Arenas ou écrivains assimilés.

  • Bilan de la  lecture de Avant la nuit de Reynaldo Arenas:

- une interrogation a posteriori : je me demande pourquoi nos professeurs d'espagnol au lycée ou à l'Université ne nous faisaient lire, concernant les auteurs cubains, que des extraits de Nicolas Guillén ou d'Alejo Carpentier dont, au passage, j'avais beaucoup apprécié "Los Pasos perdidos" mais qui furent les thuriféraires du pouvoir castriste. Etait-ce par ignorance ou par sympathie pour le Cuba de Castro dont ces auteurs vantaient les beautés et les valeurs éternelles sans en montrer les aspects obscurs ?

- un doute et un regret : Géraldine m'a fait part, à la suite de cette lecture, de sa désillusion et n'est plus tout à fait favorable à un voyage à Cuba, une des destinations mythiques qu'il m'aurait plu de visiter. Moi qui avait un certain tropisme vers cette île où j'avais été pressenti en 1992 pour occuper un poste de lecteur à l'Université de Cienfuegos et où j'avais postulé en 2003 pour le poste de directeur de l'AF de la Havane.

T_moiganges_reportages

    Les Rois de la Cocaïne. Résident en Colombie, je ne pouvais échapper à ce type d'ouvrage journalistique(que je goûte d'ailleurs assez en général, même si j'en lis très peu). Ecrit au début des années 90, juste après la chute de Pablo Escobar, cette enquête rédigé par des Américains, même si elle ne révèle pas de scoops, retrace assez bien ce que l'on pourrait appeler "l'aventure de la drogue et de ses empereurs".La glorieuse époque du "Cartel de Medellin", qui éleva cette ville, à cette époque, au rang de ville la plus dangereuse du monde ! Comment, d'une rencontre en prison entre un pilote et un petit trafiquant, on est passé de l'importation de quelques kilos par an à plusieurs centaines de tonnes. Comment de l'artisanat on est passé au stade industriels (avec d'immenses laboratoires cachés dans la jungle colombienne puis panaméene). Comment des petits truands sont devenus  très vite pami les hommes les plus riches, donc les plus puissants, de la planète;  allant jusqu'à proposer de racheter la dette extérieure de la Colombie, à assassiner des ministres, à provoquer un problème de santé et d'ordre public tel aux Etats-Unis que Bush père sera conduit à investir des dizaines de millions de dollars pour débusquer ces truands et même à mener une opération militaire ("Juste Cause") contre le Panama de Noriega au début des années 90 !

   Edifiant l'esprit d'entreprise, non ?    

POLARS

   Le Polar est un genre que je ne connais pour ainsi dire pas. A part quelques San Antonio, et quelques ouvrages de Tonino Benacquista, un Simenon lu en 5ème (donc pas lu, hélas,), un Maurice Dantec pour les auteurs français ou francophones, des Agatha Christie pour les Anglais et des Ed Mc Bain pour les Américains, ouvrages lus dans ma jeunesse ou dans un passé plus récent, c'est un genre qui m'est assez étranger.

    Avec Ellroy, découvert il y a deux ans, grâce à  mon ex-collègue et ami Régis, que je salue au passage même s'il ne répond plus à mes mails depuis son installation au Mexique , j'avoue que j'y suis entré par la grande porte. "Je t'envie de ne pas encore avoir lu, le Dalhia Noir. Quand je pense à ce qu'il te reste à découvrir, mon salaud, vraiment je t'envie !" C'est en ces termes qu'il m'en avait parlé ! Si ce n'est pas de l'enthousiasme ça ! Pourtant, malgré l'ardent désir de le lire, je n'y ai mis le nez que l'an passé, l'ayant acheté juste avant de partir en Colombie, avec 3 ou 4 autres de ses romans et en prévision du désert littéraire que je savais devoir traverser pendant 3 ans.  En même temps, je n'étais pas préssé de déflorer un auteur qui me réservait tant de joies. Après tout, que me resterait-il après à découvrir ? Ce n'est pas tous les jours qu'on  découvre un auteur qui vous accompagnera ensuite dans chaque moment de votre existence.

   Ellroy, je le connaissais aussi de nom, comme tout le monde, par le cinéma et notamment L.A confidential, porté à l'écran en 1997 avec Kim Bassinger et Kevin Spacey. Je crois l'avoir associé à un autre polar avec Kim Bassinger et Alec Baldwin  sur Canal + et franchement, comme Nocturme Indien, j'avais dû baîller pas mal et me perdre dans les méandres d'un scénario compliqué (ce qui m'arrive, il faut le reconnaître assez souvent quand je regarde un film). Bref même si j'ai associé par erreur L.A confidential à un autre film noir, les polars noirs américains des années 50  et même si je rêve de les lire et d'y "entrer", m'apparaissent comme quelque peu désués, anachroniques, donc coupés de notre époque et de fait peu à même de soutenir mon attention. Ajoutez à cela que je me perds facilement dans les intrigues (j'ai toujours eu du mal à suivre un épisode de Starsky et Hutch).

Donc, deux choses :

- 1. J'ai longtemps pris Ellroy pour un auteur des années 50 ou 60, époque que je ne prise pas particulièrement, car la plupart de ses  romans se déroulent à cette époque-là (si vous voulez savoir pourquoi, lisez son autobiographie : Ma part d'Ombre). Or, il est né précisément en 1950, ce qui en fait un auteur assez jeune.

- 2. Moi qui ai toujours eu du mal à suivre une intrigue policière, je suis à la noce dans Ellroy dont les récits sont souvent d'une grande complexité (enfin surtout Le Dalhia Noir).

Alors pourquoi, malgré tout, Ellroy me plaît ?

1. Pour ses histoires : qui sont souvent issues de faits réels, très documentées,donc extrêment crédibles. En d'autres termes, on n'est pas dans l'artificiel qui fait vrai mais dans le réel repassé au filtre des propres obsessions de l'auteur (pour en savoir plus sur les méthodes d'ecriture voir l'interview consacrée à Ellroy sur Fluctuat,net ou lisez Destination Morgue).

2. Pour ses personnages : de tueurs ou de criminels qui sont complètement hystériques (et là aussi on retrouve le côté obessionnel de l'auteur).

3. Pour son style qui véritablement repose sur une écriture où chaque phrase (souvent simple, au sens grammatical du terme) à le poids d'un direct, d'un crochet, d'un upercut au menton ou au foie du lecteur; où le rythme métronomique ou syncopé est soutenu de bout à bout. Bref, une fois qu'on est entré sur le ring avec Ellroy, impossible de le lâcher jusqu'au K.O (chaos ?) final. On est à bout de souffle.   

     Tonino Benacquista : un auteur que j'aime bien depuis que j'avais lu il y a de cela aussi plus d'une dizaine d'années, Les Morsures de l'Aube, porté à l'écran par Antoine De Caunes depuis et son recueil de nouvelles La Machine à broyer les petites filles.  Evidemment, on est très loin de James Ellroy. Pas d'assassins ni de crimes hyperboliques, pas d'intrigues compliquées qui ont le goût du vécu, pas d'histoire personnelle de l'auteur traumatisante et édifiante. Avec Benacquista on est dans le plaisir de la narration, parfois un peu articifielle mais souvent drôle et non dénuée d'un regard acéré sur les travers de notre époque et le grotesque de certains comportements de classes. Mais, quand Ellroy se pique d'analyser une époque ou des personnages réels (voir American Tabloïd), ça donne un bouquin de 700 pages et le dépouillement de milliers de pages de documents et d'ouvrages de ou sur l'époque. Benacquista nous le distille à travers quelques lignes (souvent pertinentes et drôles du reste) dans des ouvrages de 250 pages (et peut-être seulement à travers son regard de petit immigré italien dans les années 60 qui a dû souffrir de certains regards franchouillards et qui en s'élevant dans la sphère sociale et intellectuelle à dû aussi être confronté à quelques regards condescendants). Mais ce ne sont là que des supputations gratuites.

  Pour revenir à 3 carrés Rouge sur fonds noir, ce n'est pas mon préféré. L'histoire est un peu abracadabrante et elle se termine de manière assez pathétique. Le héros, en perdant une main d'entrée perd aussi son humour, ce qui peut se comprendre, mais ce qui donne aussi au roman une tonalité désabusée et glaçante. J'avais en revanche beaucoup aimé, du même auteur, Quelqu'un d'autre (histoire d'un échange d'identité involontaire  et de ses implications) que je vous recommande.   

LIVRES_DE_CHEVET

  • Pourquoi Marc Aurèle et Baudelaire ?

  Marc Aurèle, pour ces deux bien belles maximes que j'aimerais bien mettre en application...

       Au petit jour, lorsqu'il t'en coûte de t'éveiller, aie cette pensée à ta disposition : c'est pour faire oeuvre d'homme que je m'éveille." (...)

"Juge roi digne de toute parole et de toute action conforme à la nature. Ne te laisse détourner ni par par la critique des uns, ni par les propos qui peuvent en résulter." (...)

Marc Aurèle. Livre 5, Pensées pour moi-même

Mais je me reconnais hélas davantage dans les vers de Baudelaire qui suivent :

      La Fin de la Journée

     Sous une lumière blafarde
    Court, danse et se tord sans raison
    La Vie, impudente et criarde.
    Aussi, sitôt qu'à l'horizon
   
    La nuit voluptueuse monte,
    Apaisant tout, même la faim,
    Effaçant tout, même la honte,
    Le Poète se dit : " Enfin !
   
    Mon esprit, comme mes vertèbres,
    Invoque ardemment le repos ;
    Le cœur plein de songes funèbres,
   
    Je vais me coucher sur le dos
    Et me rouler dans vos rideaux,
    Ô rafraîchissantes ténèbres ! "

Baudelaire, La fin de la journée, CXXIV, Les Fleurs du mal

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