C'était le 18 mars 2004
Le 18 mars 2004, naissait, juste à la date prévue, notre petite fleur, à la « clinica del Pacífico », Chiclayo, Pérou.
Je me souviens que deux jours avant, je baignais mon gros ventre dans le Pacifique, juste en bas de notre immeuble, que Pascal était parti à Lima pour des réunions.
La veille, j’avais monté les escaliers de la « casona » qui abritait l’Alliance Française pour dicter le texte de la dictée des Amériques et Pascal avait eu un dîner de travail…
Le petit bébé, dans mon ventre, avait montré quelques signes d’impatience, dans la soirée, sans que j’y prête trop attention. Mais, le matin, pliée en deux par les contractions, j’appelais Yanett, notre amie et voisine franco-péruvienne , extrêmement serviable, qui nous emmena, sans tarder, en voiture, de Pimentel à Chiclayo.
Deux heures après, Lila montrait sa tête parfaite à ses parents et à Yanett (« sa mamie »).
Je garderai certainement toujours en mémoire ces yeux bleu-gris grand ouverts qui semblaient questionner le monde et ne voulaient pas me quitter, depuis le petit lit transparent.
les livres de chevet de Lila
Le moment du coucher reste un moment délicat pour Lila. Alors, évidemment, comme compagnons de sommeil livresques, pas question de choisir des monstres même comiques, des sorcières même rigolotes ou ridicules et encore moins des bandits ou des chasseurs... Non, ce qui convient bien à Lila , à 20 h, dans son lit douillet, à la lueur de sa lampe chat rose un brin kitch, c'est la collection des "buenas noches" que l'on trouve à la médiathèque del Banco de la República. Elle apprécie surtout les histoires rassurantes de Chiguïro qui préfère, après avoir fugué, retrouver son foyer doux et confortable, du loup qui finalement, a un bon fond et finit par cuisiner pour la poule et sa tripotée plutôt que de les manger, ou encore les farces du singe rusé qui mélange allègrement tous les vêtements des animaux de la jungle.
Patrie et Journée de la Femme
Vendredi, j’ai récupéré les enfants à l’école avec chacun un petit drapeau colombien épinglé au T-shirt. Devant mon étonnement, la maîtresse m’a expliqué que le petit rectangle jaune bleu rouge avait été apposé en raison de la célébration de la journée de la femme. Bien. Jusqu’à présent, je savais que le Colombien affichait son amour de la patrie, (en modèle XXL à son balcon ) lors des commémorations de batailles, de l’Indépendance ou encore lors des manifestations comme celles des 5 février et du 6 mars derniers contre les FARC, les enlèvements, le narcotrafic, les paramilitaires, les crimes d’Etat, les déplacements forcés de population, le terrorisme…mais pas encore pour rendre hommage aux femmes !
Le 8 mars, les enfants aussi, par l'intermédiaire de l'école, célèbrent la femme et leur maman
Chronique de Pereira, "ciudad de las piernas abiertas"...
"A treize ans, Catalina commença à associer la prospérité des filles de son quartier à la taille de leurs seins. Celles qui, comme elle, en avaient de petits, devaient se résigner à étudier ou à travailler comme serveuse dans un quelconque restaurant de la ville. En revanche, celles qui, comme Yésica ou Paola en avaient de gros, pouvaient se promener fièrement dans de luxueux 4x4, s'habiller avec des vêtements coûteux et faire de somptueux achats ; ce qui la rendait folle de jalousie. C'est pour cette raison qu'elle se proposa comme but unique de sa vie, ce qui l'amènera à commettre toute sorte d'erreurs, d'obtenir l'argent pour se faire implanter une paire de seins siliconés incapables de tenir dans la main de quelque homme que se soit. Mais elle n'avait jamais pensé que, contrairement à ce qu'elle croyait, ses prothèses tant désirées n'allait pas devenir l'instrument de son enrichissement et de son bonheur mais la source de sa tragédie personnelle et le chemin vers l'enfer."
Ecrite par, Gustavo Bolívar Moreno, jeune romancier colombien et scénariste pour la télévision, cette chronique de la vie des (très) jeunes filles des quartiers populaires de Pereira du temps où les narcotrafiquants étalaient ostensiblement leur richesse, est devenue le feuilleton le plus populaire en Colombie en 2006. A tel point que cette telenovela (dont le titre pourrait être traduit par : "Sans nichons pas de paradis") s'est exportée en Espagne avec le même succès et depuis peu aux Etats-Unis. Ce n'est pas encore le cas en France, mais cela viendra peut-être.
Pereira, ville à la réputation sulfureuse (si on dit de la ville voisine de Manizales qu'elle est "La ciudad de las puertas abiertas*", on dit de Pereira qu'elle est "La Ciudad de las piernas abiertas*"), a trouvé sa réputation confortée dans cette chronique impitoyable, traversées par les grandes figures du narcotrafic, qui montre que l'argent sale peut tout acheter. Pas seulement les politiciens, les juges, les policiers, mais aussi les corps et les âmes des jeunes filles au point d'en faire des prostituées volontaires dès l'âge de 14 ans...
* Manizales : ciudad de las puertas abiertas : Manizales : ville des portes ouvertes.
* Pereira : ciudad de las piernas abiertas : Pereira : ville des jambes ouvertes.
La saveur des mots
A l’heure du petit-déjeuner.
- Moi : appelant de la cuisine une petite fille, pas trop pressée de se préparer avant l’école :”tu viens manger ton pain?”
- Lila (misant sur mon envie très modérée de batailler à 7h30): "après, “ahorita”, je suis en train de jouer…"
- Pascal (moins direct), décide de prendre le relais : "hum, hum,¨moi, je vais goûter le bon pain arabe… "
Et résultat : Lila, petite fille curieuse, s'il en est, intriguée par ces nouveaux mots pleins de mystères et de riches promesses, se précipite illico à la cuisine pour se régaler...
Quelques minutes plus tard, c'est avec le ventre bien plein qu'elle commencera sa journée !
Parenthèse florale
Un petit billet, en forme de parenthèse. Un peu de délicatesse dans un monde de "bruit et de fureur". Peu de mots donc mais quelques photos prises dans un "orchidarium" des environs de Pereira...
et, bien sûr, nos deux plus belles orchidées...
Et pour en savoir plus :
Maturité, insomnie, capitalisme et Nicolas Cage
Ce qu'il y a de bien avec l'arrivée de la maturité et ce qui va avec (responsablitilités professionnelles, familiales etc...) c'est qu'elle provoque souvent des insomnies. Et ce qu'il y a de bien dans une société capitaliste, c'est qu'elle a engendré une profusion de chaïnes câblées qui permettent d'avoir accès à un grand nombre de films, bons ou moins bons. Ainsi on peut dire qu'un homme marié, père de famille, professionnellement actif et d'âge mûr, dans une société capitaliste, a une vraie possibilité de parfaire sa culture cinématographique. Et je le prouve tout de suite en prenant un exemple.
Réveillé aux alentours de 4h00 du matin par les pleurs de Lila puis de Maxence, je me suis jeté hors du lit ...pour aller m'allonger sur le canapé du salon pendant que Géraldine s'occupait de calmer les enfants (je précise ici que les enfants, peu habitués à voir leur père s'occuper d'eux - à cause de son travail - m'avaient repoussé). Il ne me restait plus donc, parfaitement réveillé que j'étais, qu'á trouver une occupation. La lecture ? J'ai hésité un instant. Mais Les chroniques de San Francisco d'Amerstead Maupin, entamées il ya de cela quelques semaines, ne m'inspiraient pas trop á cette heure de la nuit. J'étais plutôt dévoré par l'envie de regarder un film, fût-il de 3ème zone, sur une de ces fameuses chaînes câblées dont je vous parlais á l'instant. Et là, comble de bonheur, je tombe sur Lord of War, dont j'avais vu la bande annonce quelques jours plutôt, en pensant, qu'hélas, vu mon emploi du temps et les goûts de Géraldine en matière de cinéma, je n'aurai qu'une chance infime de le voir.
Et bien, miracle de cette nouvelle insomnie, j'ai vu ce film. Un petit bijou de cynisme, porté à bout de bras par le charismatique Nicolas Cage bien épaulé par le non moins charismatique Ethan Hawks. Histoire de vous donner envie d'aller voir ce film si ce n'est déjà fait, je vous cite une phrase de ce trafiquant d'armes incarné par Nicolas Cage, qui malgré sa noirceur, quel tour de force, ne peut être vraiment détesté du spectateur :
"Je fournis toutes les armées du monde, sauf l'armée du Salut."
L'histoire de "Le Seigneur de la guerre"
Né en Ukraine avant l’effondrement du bloc soviétique, Yuri arrive aux Etats-Unis avec ses parents. Il se fait passer pour un émigrant juif - ce ne sera que la première de ses innombrables falsifications d’identité…
Après des débuts dans le restaurant familial, Yuri découvre un commerce beaucoup plus lucratif : celui des armes. Audacieux et fin négociateur, il s’y fait rapidement une place, entraînant son jeune frère Vitali dans son sillage. Les énormes sommes d’argent qu’il gagne lui permettent aussi de conquérir celle qui l’a toujours fasciné, la belle Ava. La jeune femme ignore tout des véritables activités de Yuri. Entre eux, c’est une pure histoire d’amour, qui donne bientôt naissance à un fils.
Parallèlement à cette vie de mari et de père idéal, Yuri devient l’un des plus gros vendeurs d’armes clandestins du monde. Utilisant ses relations à l’Est, il multiplie les coups toujours plus risqués, mais parvient chaque fois à échapper à Jack Valentine, l’agent d’Interpol qui le pourchasse.
Des luxueux immeubles new-yorkais aux palais des dictateurs africains, Yuri joue de plus en plus gros. Convaincu de sa chance, il poursuit sa double vie explosive, jusqu’à ce que le destin et sa conscience le rattrapent…
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Une fièvre de 38°9 et pourtant…
Pourtant, Lila, à ma grande surprise, a insisté pour aller à l’école ce matin, et en la récupérant à 12h45, elle avait gardé son pull malgré les 30° ambiants, avait bien déjeuné et avait autant partipé aux activités que dans son “ état normal”. Une fois découverte, elle a également marché, les 20 minutes du trajet durant, sans rechigner, jusqu’à la maison, en plein soleil. Plus tard, alors que ses joues brûlaient encore, elle n’a pas voulu renoncé à son heure de danse et s’en est donné à coeur joie comme si de rien n’était. Bien sûr, à 18 heures, elle s’est écroulée de sommeil, enroulée dans sa couverture, sur le tapis de sa chambre, mais toute seule, sans passer par la phase histoires et massages.
C’est bien une petite fille volontaire et résistante que nous avons là mais ses petites plaintes de fillette en forme qui n’arrive pas à s’endormir, commencent déjà à me manquer.
Guéris vite, ma loutre.