Le Panama est un petit pays d'à peine plus de 3 millions d'habitants, limitrophe de la Colombie (après lui avoir appartenu jusqu'en 1903 d'ailleurs). La compagnie aérienne "Aires" a établi depuis un peu plus d'1 an des vols réguliers directs entre Panama City et Pereira. Le pays a, de plus, la réputation d'être une destination touristique recherchée. Tous ces éléments ont aiguisé notre curiosité et nous ont donné envie d'aller voir par nous-mêmes ce qu'il en était et si tout était "okay" du côté du Canal...
La réputation touristique du pays repose, en effet, en grande partie, sur le fait qu'il possède une ouverture sur deux océans : le Pacifique sur la côte ouest et l'Atlantique sur la côte est (qui englobe, dans cette zone, les mers chaudes et cristallines des Caraïbes) et que ces deux océans sont reliés entre eux par le fameux Canal de Panamá.
Pour notre part, nous disposions de 7 jours que nous avons divisés de la manière suivante : 4 jours sur une petite île du Pacifique (îsla Contadora) et 3 jours sur le continent, à Panamá city même. Le séjour sur l'île était essentiellement réservé aux enfants qui aiment par dessus tout faire trempette dans les mers chaudes et jouer sur le sable avec leurs seaux et leurs pelles et le séjour sur le continent, pour Géraldine et moi qui portais depuis longtemps le désir d'emprunter le fameux Canal de Panamá depuis qu'enfant les encyclopédies me l'avaient fait découvrir.
Aller sur l'île de Contadora est déjà en soi plein de la promesse d'une aventure sympathique. En effet, on s'y rend à l'aide d'un petit avion de 20 place en 20 minutes environ. Ce qui est assez folklo car, étant donné la chaleur étouffante qui règne dans la carlingue non climatisée (la température extérieure- tropicale - était de 35º environ et l'atmosphère saturée d'humidité), les pilotes, pour éviter de suffoquer, laissent la porte du cockpit ouverte : on suit donc de très près toutes les manoeuvres. L'atterrissage, durant lequel l'avion pique du nez vers la piste, est assez terrifiant d'ailleurs pour le néophyte.
Cette petite île qui appartient à l'archipel des îles Perlas (en références aux perles que l'on pouvait pêcher autrefois dans ses eaux) et qui doit son nom- Contadora - au fait que jadis c'est ici que l'on comptait lesdites perles, est située dans le Golfe de Panamá. Certes, elle ne baigne pas dans des eaux aussi cristallines et chaudes que celle des Caraïbes, mais la température de ces dernières reste fort agréable et elles restent relativement claires. Notons toutefois que la plage présente une partie caillouteuse en son fond et que lorsque la marée baisse, il est difficile, voire impossible de se baigner !! Nous étions d'ailleurs assez surpris de voir dans un hôtel de ce type et sous ces latitudes, une plage privée inutilisable à marée basse. Pour peu, avec le temps gris du premier jour, on se serait crus en Bretagne au mois d'août(avec 30º de plus quand même).
L'hôtel dans lequel nous étions logés (le New Contadora Resort) était tout à fait correct, même si nous avons connu quelques problèmes d'eau chaude et une difficulté (qui s'avèrera chronique chez le Panaméen puisque nous avons connu le même problème quelques jours plus tard dans l'autre hôtel où nous étions hébergés à Panamá) à obtenir des serviettes de toilette et des échantillons de shampoing supplémentaires. 3 points assez désagréables quand on n'aspire qu'à prendre une bonne douche pour faire tomber le sel et le sable dont sont imprégnés les cheveux. Encore plus désagréable, quand on a deux enfants en bas âge.
Les infractructures, étaient correctes : les chambres relativement spacieuses s'ouvrant sur un jardin tropical typique, verdoyant et planté de palmiers tout bruissants de cris et de chants d'oiseaux exotiques. Chaque terrasse disposait même d'un hamac où il était fort agréable de se prélasser avec les enfants le temps d'une sieste... et de regarder passer les paons et la biche en liberté dans le parc. La nuit, nous n'avons eu qu'à nous louer du calme, même si une station d'épuration d'eau se trouvait juste derrière et faisait entendre son ronflement pendant la nuit. La taille des lits m'a aussi parue un peu juste (est-ce parce que nous sommes désormais habitués au Queen Size mais il m'a semblé que ces lits étaient des 120 cm ?). D'autant qu'avec la chaleur on aspire à un peu d'espace avec la personne qui partage sa couche même si on en est très amoureux.
Parmi les bons points, le complexe hôtelier pourtant grand (7 bungalows de 2 étages chacun pour un total de 350 chambres) ne donnait pas une impression de surpeuplement. Certainement car il n'était pas surpeuplé mais aussi parce que les bungalows en question étaient habilement disséminés dans un parc de plusieurs hectares.
Enfin, hôtel de type "resorts all included" (formule "tout compris" en français), nous avions accès au trois restaurants (1 buffet, 1 italien et 1 poisson fruits de mer), au snack à (4 heures) et aux bars (toute la journée) sans avoir à débourser un Balboa (nom de la monnaie locale) de plus. Bref, nous n'avions à nous soucier que de la plage, de la piscine, et manger et dormir et ... des enfants (ce qui n'est pas de tout repos). En parlant de nourriture, soulignons que celle-ci, bien qu'abondante, n'avait rien d'extraordinaire (inférieure en tout cas à celle de la chaîne "Decameron Resorts"). Les jus de fruits n'étaient pas naturels et les ananas, pourtant succulents en Colombie, étrangement insipides au Panamá...
Parmi les mauvais points : le prix de la location des petites voitures de golf ( de 2 places seulement) mises à disposition des touristes désireux de partir explorer l'île : 50 dollars les 3 heures et forfait de 75 dollars au-delà !! (alors que sur l'île Colombienne de San Andres, la journée de location coûtait environ 30 dollars).
Les activités proposées étaient également assez rares : rien de plus que la traditionnelle balade inter-îles ou la baignades sur site pour observer les poissons avec masque et tuba.
Bref, si vous allez sur cette île, ce sera essentiellement pour la baignade et le repos. Et pour apprécier, le soir, la balade sur la plage baignée par les alizées qui viennent rafraîchir l'atmosphère. Bien plus que dans un complexe hôtelier, on a la sensation alors de se trouver dans une succursale du Paradis.
l'album photos complet
- PANAMÁ CITY : Le bruit et la fureur
Centre financier le plus important d'Amérique centrale, Panamá city, est une ville qui affiche sa modernité. La quartier moderne, situé en bordure de la baie de Panamá, prend des allures très new-yorkaises et on pourrait facilement croire voir Manhattan quand on se trouve de l'autre côté de la baie. Cette partie est essentiellement constituée d'immeubles résidentiels avec des appartements coûtant entre 200 et 300 000 USD. C'est à ce prix que vous pourrez jouir d'une vue imprenable sur le Pacifique. C'est d'ailleurs la somme que vous devez avoir sur votre compte en banque pour obtenir la nationalité panaméenne (oui, ce n'est pas plus compliqué que cela). On voit très bien à qui s'adressent ces appartements : riches américains qui comptent investir dans le pays, Panaméens fortunés des classes supérieures ou mafieux qui cherchent à blanchir de l'argent pas très propre (rappelons que le Panamá de Noriega fut, dans les années 80/90, le pays de repli de tous les gros trafiquants Colombiens et la plaque tournante du trafic).
Mais comme dans toutes les villes d'Amérique latine, on se trouve au coeur des contrastes. A côté de ce quartier moderne, existent d'autres quartiers comme le Casco antiguo, partie coloniale et historique où se trouvent le Palais Présidentiel, différents Ministères et l'Ambassade de France entre autres, qui vient d'être classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco et donc en cours de réhabilitation. Gageons que le résultat sera très satisfaisant et que ce quartier, qui en a grand besoin, sera vraiment admirable dans quelques mois ou années (une sorte de mini-Carthagène).
Quand nous disons que le quartier en a bien besoin, cela n'est pas un vain mot. Car dans le Casco Antiguo, seule la partie nord, vers la "Plaza de Francia" (Quartier des Ministères et Ambassades) fait visiblement l'objet d'un entretien rigoureux. Mais plus on se dirige vers le sud, plus le quartier apparaît comme populaire et misérable. Le nombre de maisons, de bâtiments abandonnés est impressionnant. Il se dégage néanmoins de ces ruelles aux maisons habitées par une population interlope, un charme étrange. Tout au moins dans cette partie presque déserte calme et silencieuse qui précède la zone du marché qui elle grouille d'une population qui part ou rentre du travail, fait ses achats ou tout simplement squatte les bancs du square en attendant on ne sait quoi ou qui, peut-être un hypothétique Godot des tropiques. Le plaisir que l'on peut prendre à ce bain de foule est très différent de l'autre et a quelque chose de baudelairien : le mélange à cette partie fangeuse de la ville, qui bouillonne d'une activité désordonnée, est assez jouissif pour l'âme romanesque avide de s'écarter un peu du "cauchemar climatisé" des (apparents) beaux quartiers. Ici c'est aussi le cauchemar mais il n'est pas climatisé. C'est d'ailleurs dans cette partie de la ville, où il ne faisait pas vraiment bon s'attarder, que les enfants ont choisi de réclamer leur légendaire biberon de lait. Géraldine a dû entrer dans une espèce de boulangerie, épicerie pour acheter un petit pack de lait, pendant que discrètement, avec la culpabilité du touriste un peu voyeur, je prenais en photo des scènes de la vie quotidienne, en montant la garde. La présence de policiers m'avait cependant rassuré au point que je proposai à Géraldine de nous asseoir sur un des bancs en bordure de l'avenue centrale, au milieu de fous en liberté et de types aux mines patibulaires. Il n'en demeure pas moins que le spectacle qui s'offrait à nous, était de premier ordre; notamment le défilé ininterrompu des bus artistiquement taggés portant tous un prénom de femme. Je n'en ai pris qu'un n'osant pas trop exhiber dans ce coin moyennement rassurant mon appareil photo numérique Samsung S850, à zoom optique 5X, (que je me suis déjà fait braquer en Colombie). Mais qu'elle était grande la tentation de "shooter" tous ces bus dotés chacun d'une personnalité propre par son propriétaire!
Les enfants ayant englouti leur carburant au milieu des présumés truands et du monoxyde de carbone peut-être plus nocif encore, nous avons pu reprendre notre chemin. Je me suis rendu compte à ce moment que les policiers qui sécurisaient le périmètre s'étaient éclipsés sans nous avertir des risques que nous courrions. Ce qui est regrettable car, à cause d'une erreur d'orientation, nous nous sommes dirigés dans le périmètre le plus dangereux du quartier alors que la lumière du jour commençait à décliner. Et nous n'avons dû notre salut qu'à l'intervention d'un groupe d'hommes qui prenaient le frais sur une banquette auto défoncée au pied d'un immeuble délabré. Certainement héberlués de nous voir avec deux enfants blonds dans un tel coin, ils nous ont informé que continuer dans cette direction nous exposait à être victimes de vol et nous ont formellement conseiller de revenir sur nos pas et de prendre le premier taxi pour repartir vers l'hôtel à cette heure de la journée. Nous avons donc rebroussé chemin en les remerciant chaleureusement. Du coup, deux autres hommes, qui attendaient au coin de la rue, sont aussi venus vers nous pour nous dire la même chose. Ils nous ont même arrêté un taxi pour que nous quittions l'endroit au plus vite. Cette attitude des gens de ce quartier populaire nous a fait chaud au coeur. Il est vrai que les enfants ont peut-être servi de talisman. Que ce serait-il passé si nous avions été seuls ? Nous auraient-ils avertis de la même manière ? Je me plais à le penser en tout cas.
Nous avons donc regagné l'Hôtel Panamá, le 5 étoiles où nous étions somptueusement logés, dans le rassurant (?) quartier des banques avec vue sur la BNP de notre fenêtre. Soulignons, là encore, que si les chambres étaient vastes, propres, dotées d'une literie de premier ordre et d'eau chaude fonctionnant bien: s'il était doté également d'une vaste piscine, d'un sauna, d'un hamman et d'une salle de musculation, le service au niveau de la restauration surtout laissait à désirer. Mais ça c'est une constante en Amérique Latine. On pourrait même dire un "grand classique". En général, c'est : une plombe pour que quelqu'un vienne prendre votre commande, une plombe pour qu'on vous apporte ce que vous (n')avez (pas) commandé et trois serveurs au total entre la prise commande, le service, l'addition. On commence à connaître mais on ne s'habitue pas. Et même dans un 5 étoiles, le service reste nul. Idem pour la réception où une tripotée de grooms en uniforme et armés d'un chariot à bagages s'empressent de mettre vos bagages dans un local prévu à cet effet pendant que vous attendez le taxi qui doit vous conduire à l'aéroport et qui lorsque votre taxi arrive sont absents du local où vos bagages sont entreposés.
Et ne parlons pas de l'agence de voyage de l'hôtel où les prix, les informations, les itinéraires, les horaires, les modalités varient autant de fois que vous avez d'interlocuteurs en face de vous. C'est ainsi que nous sommes passés pour la visite du canal de Panamá d'un demi-tarif pour les enfants à la gratuité complète sans trop savoir pourquoi ni comment. Mais le Canal de Panamá, parlons-en justement...
L'album photos complet
Précisons d'abord que le mythe à un prix. 120 USD par personne pour une traversée partielle du canal de Panama ce n'est pas donné ! Pour ce prix, vous embarquerez à Gamboa (voir carte ci-dessous), situé à 20 kilomètres environ en amont de l'Océan Pacifique, vous franchirez les 2 écluses qui vous séparent du lac (artificiel) Gatún et rejoindrez l'ocean Pacifique donc. C'est ce que l'on appelle le "transito parcial" ou "traversée partielle" qui dure environ 3 heures 30. Vous pourrez également, opter pour le "transito total" qui dure environ 6 à 8 heures où la visite du canal depuis la berge. L'avantage de la traversée "partielle" ou "totale" c'est que vous êtes sur le canal mythique, comme ces marins au long cours qui croisent à longueur d'années sur les océans, que vous vivez, de l'intérieur, le franchissement des écluses qui vous permettent de descendre vers l'océan, que vous croisez des cargots qui eux, vont dans la direction opposée. Bref, avec un peu d'imagination, vous pouvez vraiment vous prendre pour un aventurier en transit entre les deux plus grands océans du globe. L'inconvénient c'est que vous êtes sur un petit navire qui n'a rien à voir avec les énormes navires transporteurs de véhicules ou les Panamax : les plus gros navires qui puissent franchir le canal, ainsi nommé à cause de leur gabarit conçu précisément pour pouvoir passer - de justesse - par les écluses. Un Panamax, n'est distant des parois de l'écluse que de 60 centimètres, et doit surplomber l'écluse d'environ 20 ou 25 mètres, ce qui suppose la mise en branle de tout un système d'aide au franchissement : mules électriques montées sur rails sur les berges et remorqueurs devant et derrière pour tracter et guider le monstre. Bref, de la berge, en tant que spectateur, pour peu qu'on ait la chance de se trouver au moment où passe un de ces engins, on doit avoir droit à un spectacle étonnant. Ce spectacle nous n'y avons pas assisté depuis notre frêle esquif mais la traversée valait tout de même la peine. Même si elle s'est effectuée au milieu d'une nuée d'Américains (environ 80% des passagers) qui sont ici un peu comme chez eux : ils viennent voir et rendre hommage à l'oeuvre magistrale réalisée par leur ingénieurs (même si à l'origine ce sont les Français et le fameux Ferdinand de Lesseps, qui ont lancé le chantier à la fin du XIXème siècle). D'ailleurs même si le Canal a été rendu officiellement aux Panaméens en 1999, le canal est encore considéré par les Américains comme une mer intérieure et les navires américains sont prioritaires sur tous les autres en cas de nécessité.
Bref, il y aurait des milliers de choses à dire sur ce canal, fascinant sur bien d'autres points (réserves écologiques qui ont été créées à l'occasion de sa construction, travaux d'élargissement et troisième jeu d'écluses entamés en septembre pour laisser passer des navires nommés Post-Panamax encore plus gigantesques que ceux déjà titanesques qui l'empruntent...). En tout cas, nous sommes ressortis satisfaits de cette mini odysée et orné d'un certificat de transit partiel que nous pourrons exposer fièrement dans notre salon lors de notre retour en France, dans la banlieue bordelaise. Après tout, la vanité n'a pas de bornes et qui parmi nos lecteurs peut se targuer d'avoir navigué sur le Canal de Panamá ?
Sortie du canal et entrée dans le Pacifique
L'album photos complet
Panamá est un pays qui mérite le détour. Nous sommes repartis frustrés de n'avoir pas pu visiter la totalité de la ville (un autre vieux quartier fortifié, le quartier moderne), de n'avoir pas pu faire un saut vers Colón et surtout les ruines de Potobelo sur la côte Caraïbe, en empruntant le train inter-océanique, de n'avoir pas pu visiter les îles San Blas peuplées d'Indiens Cunas (toujours sur la côte Caraïbe) qu'Antoine (oui, le chanteur navigateur!) considère comme les plus belles du monde ! Frustrés également de n'avoir pu louer une voiture pour emprunter la Panaméricaine et remonter en direction du Costa Rica, afin de montrer aux enfants les magnifiques paysages montagneux et les quelques volcans qui s'y trouvent. Bref, c'est un pays peut-être encore un peu méconnu en France mais qui, tout comme l'Amérique Centrale, mérite vraiment que l'on s'y intéresse.
Au revoir les amis et bonne année 2008 pour de nouvelles aventures